Les femmes rotariennes sont très actives

dimanche 12 février 2023

dla

Pierre-François Cuénoud, Gouverneur du District 1990, a fait de la participation des femmes dans les clubs du Rotary un des objectifs phares de son mandat. Fin janvier, il exprimait l’espoir que « l’irréversibilité du processus accélérera le rythme de cette normalisation ».

Pierre-François Cuénoud, un des objectifs de votre gouvernance était d’augmenter la participation des femmes dans les clubs de votre district. Pourquoi est-ce important ?

Il y va de la représentativité de notre société. De plus en plus de postes à responsabilité sont occupés par des femmes, qui excellent souvent dans leur fonction. Il serait dommage de les laisser systématiquement rejoindre d’autres clubs service alors qu’elles pourraient enrichir le Rotary.

Et qu’en est-il actuellement dans le district 1990 ?

Nous sommes à 12,4% de femmes, bien loin du seuil de 30% souhaité par notre présidente mondiale et moins bien que les deux autres districts du pays qui sont à un bon 17%. Il y a encore 19 clubs sans présence féminine, alors que 2 d’entre eux ont une légère majorité de femmes.

Est-ce que les femmes changent la dynamique dans un club ? 

Oui, certainement. Les relations deviennent souvent plus respectueuses et les écarts de langage moins fréquents. Phénomène flagrant, les femmes rotariennes s’engagent aussi plus que la moyenne et sont très actives, enclines à reprendre rapidement une fonction dans le comité. J’ai ainsi cette année 12 présidentes de club, soit près de 16%, de la vigneronne à la pneumologue en passant par la CEO d’une compagnie d’aviation, l’enseignante et la pharmacienne…

Avez-vous rencontré encore beaucoup de résistance à ce sujet ? Quelles sont les raisons avancées ou peut-être cachées ?

Les raisons sont multiples mais ne tiennent généralement pas face à une argumentation étayée. Elles sont à chercher dans une certaine nostalgie d’une organisation militaire à l’ancienne ou des traditions de sociétés estudiantines bicentenaires. J’ai effectivement entendu l’argument des épouses effrayées de savoir leur mari dans de telles réunions mixtes et dois reconnaître avoir visité un club où ces rencontres ont généré quelques divorces… 

Comment avez-vous abordé le sujet avec les clubs exclusivement masculins ?

En exposant clairement les arguments mentionnés plus haut. D’autre part, une telle discrimination est contraire au codex « diversité – équité – inclusion » du Rotary. Une non-admission de nouveaux membres pour des raisons raciales ou religieuses ferait immédiatement scandale et serait relayée avec délectation par la presse de boulevard. Pourquoi en irait-il autrement avec le genre ?

Votre propre club, le RC Sion, compte parmi ces clubs exclusivement masculins. Comment s’est passé votre visite à Sion en décembre ? Vous disiez que parmi tous les clubs masculins c’était probablement celui qui craindrait le plus votre visite comme gouverneur…

Mon club me connaît bien et sait ma conviction. Comme d’autres encore hésitants, je le mets au défi d’être le dernier « village gaulois » de résistants au milieu de 75 autres ayant fait le pas.

L’absence des femmes au RC Sion a mené à la fondation d’un deuxième club, mixte pour cette fois, le RC Sion-Rhône. N’est-ce pas un peu dommage qu’il faille en arriver là ?

La création de nouveaux clubs, dans une région où de bonnes candidatures de membres sont disponibles, est plutôt une bonne chose. Dans le cas précis, cela a permis d’élargir le recrutement et d’améliorer la diversité des profils, indépendamment du genre.

Pourrait-on imaginer que les deux clubs fusionnent un jour ?

Il ne faut jamais dire « jamais ». Cette fusion générerait cependant un club de 115 à 120 membres : une telle grandeur (ce serait le 3ème plus important du district) n’est pas nécessairement souhaitable dans une région telle que le Valais central.

À l’image des clubs masculins, un club exclusivement féminin a vu le jour à Bâle. Que pensez-vous de la démarche ?

Elle fait plutôt penser à une réaction face à l’immobilisme relatif de certains. Ayant côtoyé ce club à l’occasion d’un événement à Bâle, je dois cependant reconnaître qu’il y règne une excellente ambiance et que l’esprit d’initiative de ces rotariennes, très jeunes pour la plupart, est remarquable.

À quand un district 1990 entièrement mixte ?

Nous gagnons chaque année 3 clubs à la mixité assumée. Le D 1990 ne devrait donc plus compter de club sans femmes dans 7 ans, mais j’ai l’espoir que l’irréversibilité du processus accélérera le rythme de cette normalisation. 

Le Gouverneur tire un bilan de ses visites des clubs

Combien des 82 clubs du district avez-vous visité depuis votre entrée en fonction ? 

Commencées le 16 août 2022, mes visites de clubs se sont succédé au rythme de 4 à 5 par semaine, avec une pointe à 8 en septembre. J’ai vu le dernier des 76 clubs Rotary le 3 février dernier. Quant aux 6 clubs Rotaract, il ne m’en reste qu’un à rencontrer, pour autant qu’il se reconstitue et se réunisse à nouveau.

Vous y allez toujours en train ?

Oui, je suis un adepte convaincu des transports publics, qui mènent aux coins les plus reculés du pays. C’est un peu plus long et il faut respecter la discipline de l’horaire mais on peut travailler pendant le trajet. L’empreinte écologique de ces nombreux déplacements est aussi nettement plus faible qu’avec une voiture individuelle. Pour les quelques destinations très reculées, j’ai pu compter sur la disponibilté de mes adjointes et adjoints qui m’y ont conduit depuis une gare de proximité.

Qu’est-ce qui vous a marqué dans ce tour de Suisse romande ?

Chaque club a son propre état d’esprit et sa dynamique particulière, héritage naturel de son histoire. J’ai bénéficié à chaque fois d’un accueil chaleureux et nos discussions ont toutes été franches. La diversité des personnalités et des mentalités est infinie.

Vous êtes de langue maternelle française et gouvernez un district mixte au niveau des langues. Est-ce que le contact se passe tout aussi facilement avec les clubs alémaniques ?

Oui sans problème, vu que je suis bilingue. Ayant vécu plus de 10 ans outre-Sarine et ayant une épouse argovienne, je connais bien la manière de fonctionner des Alémaniques et m’adapte facilement.

Avez-vous constaté des différences culturelles entre les clubs en rapport avec la langue ? Ou peut-être plutôt en rapport avec le milieu rural ou urbain ?

Les différences sont effectivement beaucoup plus marquées entre ville et campagne, quel que soit le canton. Le profil professionnel des membres y est aussi pour quelque chose, certains anciens clubs urbains étant encore très académiques et traditionnels alors que d’autres clubs plus ruraux réunissent une majorité de paysans et d’artisans.

Lors de la visite de Pierre-François Cuénoud du RC Berne les cinq femmes présentes immortalisent l'événement par un cliché