Didier Davoine est installé en Suisse depuis 2011, d’origine française. Dès son arrivée, le Rotarien fut propulsé Commodore de la flotte suisse de l’Amicale internationale des rotariens navigateurs (IYFR). Cet ancien capitaine de vaisseau de la marine française raconte ses souvenirs avec bonheur.
Didier Davoine éclate de rire lorsqu’il raconte les circonstances de son arrivée à l’Amicale des plaisanciers rotariens en Suisse. « À l’époque je ne savais pas qu’une Amicale des rotariens navigateurs existait. C’est par mon parrain du Rotary de Martigny que j’ai participé à une réunion de leur comité qui se tenait à Zurich. Et comme la Suisse alémanique est majoritairement representée à la Swiss Fleet, ils ont décidé en un tour de main que le francophone que je suis y serait inscrit et qu’il sera Commodore ».
L’inscription de Didier Davoine à l’Amicale en 2011, en même temps que son inscription au Rotary de Martigny, ne tenait évidemment pas au seul critère de la langue. La navigation représentait déjà une passion et un savoir-faire de longue date. Très vite après sa formation à la prestigieuse Haute Ecole de Commerce à Paris il ne dirigeait non seulement une entreprise active dans l’industrie agro-alimentaire, mais commençait aussi à mener ce qu’il appelle « une double vie ». 70 pourcent de son temps étaient dédiés aux affaires civiles, 30 pourcent à une carrière militaire dans la marine française jusqu’à être capitaine de vaisseau (l’équivalent du colonel dans les autres armes). La marine, les horizons lointains le faisaient rêver, lui qui habitait « à l’intérieur des terres ». Mais d’où lui venait cette passion pour le voyage, la mer, la voile ? La réponse fuse : « La passion ne s’explique pas, elle vient toute seule ! » On trouve quand-même un élément de réponse dans son enfance, marqué par son père et ses origines savoyardes. Le papa, montagnard, lui a fait découvrir le royaume des montagnes, et l’homme qui apprît au petit Didier à skier dans les années 50 à Chamonix n’était autre que le célèbre Emile Allais, triple champion français de ski en 1937 à Chamonix.
Le goût des échanges culturels
De la montagne à la mer il n’y a qu’un pas pour Didier Davoine. Les deux environnements l’impressionnent par leur beauté, parfois dure, comme il dit, raison pour laquelle le montagnard comme le marin doivent faire preuve d’humilité. Le maître mot et la grande parallèle entre la montagne et la mer, c’est le respect. L’adage « unis comme à bord » y trouve tout son sens. Didier Davoine : « Vous mettez des gens d’horizons très différents ensemble sur un bateau où ils vont fonctionner en équipe. Cela correspond très bien aux valeurs rotariennes, c’est le vivre ensemble, c’est le club ». Ce qu’il adore dans la flotte suisse c’est l’échange culturel, aussi et surtout avec les Suisses alémaniques pour lesquels il a « bossé son allemand ». Le Suisse allemand ? « Non, s’il vous plaît, cest impossible, rigole-t-il. Mais chacun fait l’effort de parler la langue de l’autre. » L’anglais comme lingua franca n’est donc pas une option.
Une carrière militaire et civile
Avant de naviguer avec des Suisses au sein de l’Amicale, Didier Davoine embarquait pour le Sénégal, le Pakistan, l’Egypte, Chypre ou la Crimée pour accomplir des missions spécifiques au sein de l’armée française. Une carrière militaire et marine menée de 1973 jusqu’en l’an 2000, complétée par dix années au Cabinet du Ministre de la Défense à Paris où il a accompagné la transition du service national à une armée française professionnalisée. Ses liens avec la Suisse se sont tissés par des affaires et une amitié avec un « baron » du fromage à L’Auberson avec qui son entreprise française, spécialisée dans le préemballage, lançait la vente de mélanges de fromages. Un succès. Didier Davoine s’installa à Préverenges au bord du Lac Léman et faisait des allers–retours entre la Suisse et la France. Pour leur retraite en 2011, le couple Davoine a pourtant choisi les montagnes, à Verbier, où il venait skier régulièrement déjà par le passé. C’est d’ailleurs sur un sommet de montagne dans la région du glacier d’Aletsch qu’il reçoit l’appel de l’actuel Commodore de la Swiss Fleet, Philipp Kläy, et apprend qu’on lui demande cette interview. L’entretien se fera finalement par téléphone, car Didier Davoine prépare son départ pour le Népal fixé au 30 mars. Un trek est prévu jusqu’à 5700 m d’altitude pour voir l’Everest, « une promenade » pour celui qui a déjà gravi trois sommets de 7000 m. Une promenade ? Didier Davoine éclate de nouveau dans un rire joyeux et se souvient qu’il avait prévenu les Rotariens de Martigny qu’il était Français, mais qu’il allait « essayer d’être modeste ». Il les a fait rire.
Didier Davoine était d’abord devenu membre du Rotary de Dijon Côte d’Or en 1989, puis son président en 2003. Auparavant il faisait déjà partie de la Table ronde, un club de jeunes industriels et professionnels. En 2017 il était président au Rotary de Martigny. Aujourd’hui, il est un retraité actif et comblé. Avec un souhait d’ancien Commodore quand-même : que l’Amicale trouve des membres sur les rives du Lac Léman où elle a curieusement peu d’écho. « Pourtant nous étions quatre de Martigny à traverser l’Atlantique ensemble et je peux vous dire, ça vous lie. »