Comprendre, prévenir et agir: tel est l’objectif que se sont donné tous les Rotary Clubs du Valais face au fléau du harcèlement chez les jeunes. Une conférence publique à Martigny, un souper de soutien et une remise d’un chèque à hauteur de 30000 francs à Promotion Santé Valais ont non seulement permis d’apporter un soutien concret, mais devraient également avoir un effet de boule de neige dans d’autres cantons.
Les chiffres sont alarmants: selon l'Observatoire valaisan de la santé, 23 pourcents des élèves de 11 à 15 ans du canton ont déclaré avoir été harcelés à l'école, et 14 pourcents ont été victimes de cyberharcèlement sur l’année 2022. Et il n’existe point de lieux sûrs: le harcèlement peut être subi dans le cadre scolaire, dans les vestiaires d’un club sportif, dans le bus ou tout simplement à tout moment à travers les natels. En effet, si le harcèlement existe depuis toujours, les réseaux sociaux ont fait exploser la diffusion des messages harceleurs et peuvent créer des ravages auprès des jeunes.
Une conférence pour comprendre
Ce constat a été dressé dans le cadre d’une importante conférence publique sur le thème du harcèlement chez les jeunes, organisée et soutenue conjointement par tous les Rotary Clubs du Valais. «Nous voulons ouvrir un espace pour écouter, comprendre et surtout agir », a expliqué François Bernard, président du RC Martigny, en préambule devant environ 300 personnes rassemblées dans les halls de l’Expo de Martigny. Pour parler des mécanismes du harcèlement et présenter les moyens et les limites d’intervention, un large panel de spécialistes a apporté tour à tour un éclairage dans le domaine médical, juridique, scolaire, scientifique, étatique et du terrain.
Parmi elles et eux, Mélanie Comby, maman de Morane, une jeune fille qui s’est suicidée après avoir subi du harcèlement. Face à ce drame, la Valaisanne a fondé l’Association Morane pour sensibiliser aux conséquences dramatiques que peut provoquer le harcèlement. Mélanie Comby passe dans les écoles et a également présenté son travail au Rotary Clubs du Valais. Bientôt, elle rendra visite aux RC vaudois qui l’ont invitée à la suite de l’expérience valaisanne. François Bernard constate avec satisfaction que l’action conjointe des environ 600 membres valaisans aura une émulation dans le canton voisin. «Cette façon de travailler entre clubs, au niveau régional voire supra-régional, nous permet de réaliser un des objectifs du Rotary qui consiste à soutenir une jeunesse de proximité.»
Agir en prolongement de l’école
Bien que la conférence ait pu montrer que le Canton du Valais est actif dans le domaine de la prévention du harcèlement, les moyens d’actions sont restreints hors des murs de l’école. C’est justement ce prolongement que les Rotary Clubs du Valais ont souhaité soutenir. Une contribution de 50 francs par membre a permis de remettre un chèque à hauteur de 30000 francs à Promotion Santé Valais pour assurer la promotion auprès de toutes les communes valaisannes, francophones et germanophones, d’une méthode testée avec succès dans la région de Sierre et d’Anniviers.
Promotion grâce au Rotary
En effet, deux travailleurs sociaux de la région sierroise, Amra Mujanovic de l’Association sierroise de loisirs et culture (ASLEC) et Vincent Theytaz du Centre de compétences en éducation et en relations humaines (CCER), ont voulu adresser la prévention du harcèlement ainsi que la promotion du bien-vivre ensemble de la manière le plus large possible. Leur stratégie consiste à mettre en réseau les écoles, les structures d’accueil parascolaire, les médecins et infirmières scolaires ainsi que le secteur des transports publics. La démarche a d’abord permis de dresser un état des lieux, puis de créer un dispositif d’intervention qui est accessible à toutes les personnes qui travaillent avec les jeunes.
Selon la devise «tous ensemble agissons!», une grille d’évaluation avec 26 questions a été formulée pour permettre à des jeunes, victimes aussi bien que témoins d’un harcèlement, d’évaluer une situation et de contacter, au besoin, des travailleurs sociaux par mail ou par téléphone. La grille d’évaluation est accessible via un QR-Code, les plus jeunes peuvent la remplir avec l’aide d’un adulte. Le projet pilote, porté sur quatre ans conjointement avec le canton du Valais et Promotion santé Valais, a été testé avec succès. Selon Amra Mujanovic, 38 cas de signalements ont été enregistrés, 27 jeunes et leurs familles ont bénéficié d'un accompagnement, et des interventions ont été menées en classe auprès de 80 élèves. «Ce serait dommage que ce magnifique travail ne profite qu’à cette région», a résumé Eliane Gaspoz, présidente du RC Sion-Rhône, qui encadrait la soirée avec François Bernard. «L’objectif de la promotion de ces outils auprès de l’ensemble des communes valaisannes est de faire connaître aux communes les ressources mises à leur disposition et de les inciter à implémenter tout ou partie du modèle dans leur commune.»
Souper de soutien
La conférence fut suivie par un souper de soutien qui a également permis de récolter une somme importante selon le président du RC Martigny. Cette dernière sera mise à disposition des différentes associations actives dans le domaine de la prévention et de la promotion du bien-être comme Graines de Paix, declick, la Fondation Planètes Enfants Malades ou encore les Templiers. Le Rotary leur avait donné l’occasion de présenter leur travail à travers de stands dans le cadre de la soirée à Martigny afin de partager un maximum d’informations sur le sujet du harcèlement, mais aussi et notamment sur le vivre ensemble à l’adolescence, une phase de la vie tellement fragile.