Les gouverneurs du district 1990 peuvent compter sur le soutien d’une cheffe ou d’un chef de cabinet, fonction que les deux autres districts du Rotary Suisse/Liechtenstein ne connaissent pas. Nous avons rencontré l’actuel chef de cabinet, Guy Constantin du RC Sion, qui accompagne le gouverneur René-Marc Blaser en 2024/25.
L’homme est facile à reconnaître parmi les clients installés dans les fauteuils de l’hôtel Alpha Palmiers à Lausanne, où nous avons rendez-vous pour l’interview: Guy Constantin est «le mec aux lunettes bleues», son surnom depuis le jour où il a craqué pour cette monture au coloris joyeux un brin extravagant, bordée de ce qui s’apparente à un relief de montagnes. Guy nous accueille avec un sourire chaleureux, et on comprend vite que la notion d’extravagance ne s’applique qu’à ses lunettes. Guy est quelqu’un de posé et de discret, il était même plutôt timide dans sa jeunesse, comme il nous le confiera autour d’un cappuccino.
Affinités précoces pour les langues
La discrétion n’empêche évidemment en rien un esprit ouvert. Cette ouverture au monde s’est d’ailleurs construite dès l’enfance: son papa tenait à Anzère un magasin de sport qui accueillait des clients venus de tous les coins du globe pour profiter du charme des montagnes valaisannes. C’est ainsi que le petit Guy entendait «toutes les langues» pendant qu’il donnait un coup de main au magasin. Plus tard également, lorsqu’il officiera comme moniteur de ski. Il jouera ensuite la carte de l’immersion et s’imprégnera du suisse allemand en posant ses valises dans un foyer d’étudiants à Zurich, de l’allemand à Lindau, en Allemagne, et de l’anglais, à Brighton. Quant à l’italien, il a toujours été présent dans sa vie, car il se retrouvait invariablement aussi avec des Tessinoises et des Tessinois dans ces stages linguistiques. Un parcours que Guy résume ainsi: «J’ai commencé à côtoyer les langues dès la sortie du berceau».
Lui qui aime le contact avec les gens se rappelle avec nostalgie de ses sept années passées à travailler pour Swissair à l’aéroport de Zurich: «J’avais des collègues qui venaient de partout». Un souvenir qui contraste avec ses débuts dans le monde professionnel, débuts qu’il effectuera au sein du Crédit Suisse, situé à la prestigieuse Paradeplatz à Zurich, après avoir bouclé ses études à l’école de commerce de Sion. De son propre aveu, il ne lui aura fallu que quelques mois pour se rendre compte que le monde des banques n’était pas fait pour lui.
Le grand saut dans la traduction
En parallèle de son emploi chez Swissair et de sa formation de technicien en marketing au SAWI à Zurich, Guy démarche les agences publicitaires pour son meilleur ami valaisan devenu rédacteur publicitaire freelance. Un jour, il décèle une énorme faute d’orthographe sur une affiche BMW et contacte la responsable marketing pour lui conseiller de changer de traducteur. Bingo! Commence alors une aventure à mille rebondissements dans le domaine de la traduction et de l’édition que Guy savoure aujourd’hui encore pleinement. Le binôme s’associe en 1992: Guy traduit, son ami relit. Plus tard, Guy fondera d’autres agences avec d’autres associés. Il aime se rappeler ces belles années où il fallait travailler jour et nuit tant la demande était importante.
Aujourd’hui, il est à la tête de textocreativ SA. Cette agence de traduction qu’il a fondée en 2014 à Sion compte également, entre-temps, des succursales à Zurich et à Epalinges, près de Lausanne. Une fierté pour Guy, lui qui reste profondément attaché à la notion de proximité et aime cultiver une approche humaine du métier, dans une époque toujours plus digitalisée. Textocreativ SA emploie cinq collaboratrices et travaille avec une trentaine de freelances pour le français, l’allemand, l’anglais et l’italien.
Le réseau grâce au Rotary
Les Années folles sont révolues, l’IA est passée par là. Mais les affaires vont bien. S’il a fait quelques infidélités à son Valais natal pendant plus de trois décennies, Guy y est retourné par amour en 2009. Pour se reconstituer un réseau, il a pu compter sur le soutien du Rotary, que deux amis valaisans lui ont fait connaître. Après avoir rejoint le RC Sion en 2014, Guy en sera le bulletinier pendant neuf ans, et le secrétaire depuis 2020. Depuis juillet 2024, celui qui vient de souffler ses 60 bougies endosse, en plus, le rôle de chef de cabinet de l’actuel gouverneur du district 1990, René-Marc Blaser. Il y a quatre ans, Guy a fait le choix de réduire son taux d’activité à 80 %, ce qui lui laisse du temps pour son rôle de chef de cabinet.
Un entrepreneur à la fibre sociale
Pour pouvoir assumer la fonction de chef de cabinet et mener à bien cette mission, il faut avoir le sens du contact et de la diplomatie, le fait d’être bilingue présentant un atout non négligeable. Guy n’a aucun mal à cocher les cases, lui qui avoue «vraiment aimer les gens». On ne s’étonnera donc guère de son plaisir à «faire le bien» à travers son engagement au sein du Rotary. Une approche de la vie qu’il cultive au quotidien: «Si je peux être ce petit rayon de soleil qui embellira la journée de quelqu’un, tant mieux!». Tout comme son grand-père et son père qui militaient pour le parti socialiste, Guy affirme avoir «la fibre sociale», sans pour autant être affilié à un parti politique.
Son mandat de chef de cabinet est limité à une année, chaque gouverneur choisissant le sien. En principe, celui-ci est issu des rangs de son club. Alors, comment se fait-il que René-Marc Blaser n’ait pas choisi une cheffe ou un chef du RC Lausanne? En fait, aucun profil ne correspondait. C’est ainsi qu’il s’est tourné vers Guy, son ami de jeunesse depuis le cycle d’orientation à Sion, ville où tous deux ont étudié. Guy dit ne pas avoir hésité une seconde quand René-Marc l’a approché: «C’est quelqu’un de très compétent, fiable et bien organisé». Il n’a donc eu aucun mal à s’engager à ses côtés: «Quand je dis oui, je m’investis toujours à fond». René-Marc est très content du soutien que lui apporte Guy. Et lorsqu’on se connaît depuis près d’un demi-siècle, peu de mots suffisent pour se comprendre. «On s’apprécie mutuellement, je peux compter sur lui, et il a vraiment été d’une immense aide pour l’organisation des grands événements du district 1990», résume René-Marc.
Que fait un chef de cabinet?
Guy Constantin participe à toutes les réunions du comité du district 1990 et organise les trois grands événements du district de pair avec le gouverneur, René-Marc Blaser. Il s’agit du PELS, de l’Uni et de l’Assemblée de district et de la passation des pouvoirs. Dans la pratique, cela revient à réfléchir aux sujets à aborder, aux intervenants à inviter et aux contenus à traiter, aux lieux, au repas. Pour l’Uni organisée au CHUV de Lausanne, par exemple, Guy a notamment choisi le menu et les vins. En somme, le chef de cabinet a une fonction charnière entre le gouverneur et la secrétaire du district, Valérie Schwarz, qui s’occupe entre autres de la partie administrative de la vie du D 1990.
Tandis que René-Marc Blaser compte sur le tandem formé par Guy Constantin et Valérie Schwarz, d’autres gouverneurs créent toute une équipe de soutien pour l’année ou constituent des groupes pour l’organisation de chaque événement.
Les districts 1980 et 2000, pour leur part, ne connaissent pas du tout la fonction de chef de cabinet et s’organisent plutôt via des équipes ou confient davantage de responsabilités à leurs secrétariats. Ursula Gervasi, secrétaire du D 2000, considère son secrétariat comme un service d’état-major et rajoute avec le sourire que le Rotary, c’est aussi ça: «Il fonctionne partout un peu différemment, à sa façon.»