Ça roule de nouveau

mardi 7 mars 2023

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Se rendre à Expo.02 et d’Arteplage en Arteplage à la mesure de sa propre force physique, tout en ayant du plaisir : voici le mot d’ordre du projet « Human powered mobility HPM » de la fondation « La Suisse à vélo ». C’est dans cet esprit qu’un ensemble d’itinéraires de pistes cyclables attrayants et sûrs a été aménagé dans la région des Trois-Lacs il y a vingt ans. Il comprend 170 km, dont 90 sont aussi signalés pour les rollers. Au milieu de ce réseau qui s’étend de Bienne à Yverdon, la pièce maîtresse : le Pont Rotary, une imposante et élégante construction en bois qui franchit le canal de la Broye à la hauteur du Camping des Trois-Lacs à Sugiez. Le pont mesure 250 mètres, dont 60 mètres pour l’arc central.  

 

Un symbole pour la Suisse

C’est un projet emblématique qui a impressionné la fondation comme « un symbole à plusieurs titres ». Un symbole de jeunesse, car trois étudiants de l’Ecole suisse d’ingénieurs du bois ont élaboré l’avant-projet dans le cadre de leur travail de diplôme. Un symbole de loisirs sportifs, car le pont est à disposition des marcheurs, des cyclistes, des patineurs et aussi des personnes en situation de handicap physique grâce aux rampes accessibles en fauteuil roulant. Un symbole de durabilité grâce au bois utilisé pour la construction, la seule matière renouvelable dont dispose la Suisse. Et, finalement, un symbole pour la Suisse, car le pont relie deux régions linguistiques et a été réalisé dans un esprit de solidarité. 

En effet, de nombreux partenaires se sont engagés pour la réalisation du Pont Rotary : les deux communes de Bas-Vully et d’Anet, les services techniques cantonaux, l’armée, les compagnies de navigations, les propriétaires des parcelles, les autorités qui délivraient le permis de construire et, évidemment, les partenaires du financement, soit la Conférence suisse de l’économie du bois, Lignum, les cantons de Fribourg et de Berne, l’Assurance immobilière du canton de Berne, et, comme son nom le suggère évidemment, le Rotary Suisse-Liechtenstein. Au coût total de la construction du pont à hauteur de 2461000 francs, les clubs du Rotary ont contribué pas moins de 471000 francs.

Après sa construction, le Pont Rotary fut donné aux deux communes Mont-Vully et Anet qui s’engageaient d’assurer l’entretien pour les 30 ans à venir. 

 

Une rénovation coûteuse

La raison pour laquelle on reparle aujourd’hui de ce pont inauguré le 4 octobre 2001 : il a reçu un lifting en été 2022 – plus tôt qu’espéré au moment de sa construction. Le tapis goudronné recouvrant le tablier avait en effet glissé par endroits à la suite d’infiltrations d’eau, causant le développement de champignons et de moisissures. Les rampes du pont devaient être stabilisées - un assainissement était devenu indispensable. Opération couteuse de surplus : le crédit de rénovation s’élevait à 730000 francs, une somme trop importante à assumer pour les deux communes de Mont-Vully et d’Anet. Dans leurs recherches de soutiens, elles se sont adressées au Rotary, plus précisément à Blaise Matthey, Gouverneur en 2020, qui a lancé une action en faveur du pont. « Il fallait un peu de marketing », glisse-t-il lors d’une visite sur place, petit sourire aux coins des lèvres. Les clubs, à qui furent envoyé des petits cochons pour l’action nommée « Ensemble pour le pont », ont répondu par des fortes contributions à hauteur de 55000 francs au total. 5000 francs étaient en plus contribués par chacun des deux districts, et 10000 francs supplémentaires s’y ajoutaient car la visite du président du Rotary International était tombée à l’eau à cause de la pandémie du Covid, laissant ainsi un budget non-utilisé. De son côté, la région de seeland/biel-bienne a contribué 50000 francs. Les deux communes ont assumé le reste.

 

Traverser le pays en toute sécurité

Les balustrades ont été refaites et un nouveau tapis a été posé sur le pont qui est désormais protégé par des tôles qui recouvrent les bords et empêchent l’eau de couler sur le bois ; en plus, des trous d’évacuation empêchent l’humidité de stagner sous le tapis. Cette fois, le Pont Rotary va résister, Blaise Matthey est serein. « Je ne serai plus là lors de sa prochaine rénovation », lance-t-il. En revanche, il sera certainement là pour se réjouir de voir, avec l’arrivée des beaux jours, des cyclistes et des piétons traverser à nouveau le pays d’un bout à l’autre en toute sécurité et à l’écart des routes grâce au trait d’union du Pont Rotary. Ils ne sont pas moins de 80000 à l’emprunter chaque année, en marchant, à vélo ou en roller.

Blaise Matthey, gouverneur en 2020, devant le Pont Rotary fraîchement rénové