PolioPlus: Un concert, trois visages, une mission

dimanche 18 mai 2025

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Le 26 octobre 2025 sera la Journée mondiale contre la polio. Avec un concert de bienfaisance au KKL de Lucerne, le Rotary met en lumière son engagement mondial contre la poliomyélite. Trois Rotariens expliquent ce qui attend les visiteurs et pourquoi la lutte est loin d'être terminée : les responsables de la lutte contre la polio Oliver Rosenbauer (district 1990), Isabel Zimmermann (district 1980) et Cory Edwards (district 2000).

Avant de parler du concert, Oliver, peux-tu nous dire pourquoi la Journée mondiale contre la polio est encore si importante aujourd'hui ?

Oliver Rosenbauer (OR) : Parce qu'elle nous rappelle chaque année avec force que la poliomyélite n'appartient pas encore au passé. La polio existe toujours et touche encore des enfants, en particulier dans les régions où les systèmes de santé sont faibles et où la vaccination n'est pas accessible à tous. Mais pour moi, la Journée mondiale contre la polio est aussi un moment de fierté : depuis des décennies, le Rotary joue un rôle clé dans la lutte contre ce virus. Sans nous, la communauté mondiale ne serait pas là où elle en est aujourd'hui. Mais nous n'avons pas encore atteint notre objectif. Tant qu'un seul enfant sera en danger quelque part dans le monde, nous continuerons. C'est exactement ce que symbolise cette journée : notre détermination et le souvenir de ce que nous avons déjà accompli.

La polio, cela semble loin pour beaucoup d'entre nous. Le virus représente-t-il vraiment encore une menace pour nous ici en Europe, Cory?

Cory Edwards (CE) : Oui, très concrètement. Même si nous n'avons plus eu de cas de maladie ici en Suisse ou en Europe depuis des décennies, le virus n'a jamais disparu. Il a récemment été détecté dans les eaux usées de plusieurs villes européennes, par exemple à Barcelone ou à Munich. Cela montre à quelle vitesse le virus peut revenir. Dans des pays comme le Pakistan ou l'Afghanistan, des enfants contractent encore aujourd'hui la polio, souvent avec de graves conséquences. Et n'oublions pas que la polio est très contagieuse. Un seul cas peut déclencher toute une réaction en chaîne. Pour nous, cela signifie que tant qu'il y aura des cas de polio quelque part dans le monde, personne n'est vraiment en sécurité.

La poliomyélite a-t-elle également laissé des traces en Suisse ?

OR : Oh oui, et on l'oublie souvent aujourd'hui ! La polio a également constitué une menace réelle chez nous pendant des décennies. Au début du XXe siècle, il y a eu des épidémies violentes à plusieurs reprises, dans certains cantons, mais aussi à l'échelle nationale. La situation a été particulièrement grave dans les années 1930 et 1940 : chaque année, plus d'un millier de personnes, dont beaucoup d'enfants, ont contracté la maladie. L'épidémie de 1954 est considérée comme la plus dévastatrice, avec plus de 1600 personnes touchées. Bon nombre d'entre elles sont restées paralysées à vie, des familles et des communautés entières ont été touchées. Beaucoup se souviennent encore des « poumons d'acier » dans les hôpitaux. L'introduction de la vaccination en 1957 a marqué un véritable tournant. Dès lors, le nombre de cas a rapidement diminué, jusqu'à ce que la maladie disparaisse complètement chez nous. Mais elle ne sera vaincue que lorsqu'elle aura été éradiquée dans le monde entier.

Isabel, qu'est-ce que cela signifie pour nous aujourd'hui ?

Isabel Zimmermann (IZ) : Pour moi, c'est très clair : nous ne devons pas nous bercer d'une fausse sécurité ! La polio était parmi nous, dans nos villes, nos villages, nos familles. Et c'est uniquement grâce à la vaccination généralisée que nous n'avons pratiquement plus de cas en Suisse aujourd'hui. Mais cette sécurité est trompeuse. Dès que le taux de vaccination baisse, le virus a beau jeu. La polio est impitoyable : elle revient si nous ne sommes pas vigilants et si nous ne prenons pas de précautions. C'est pourquoi nous devons nous engager, informer et surtout ne pas relâcher nos efforts en matière de vaccination.

PolioPlus est le plus grand projet humanitaire du Rotary. Racontez-nous comment tout a commencé.

IZ : Tout a commencé en 1979 aux Philippines, avec un projet pilote courageux. À l'époque, le Rotary a aidé à vacciner six millions d'enfants contre la polio. Le Rotarien italien Sergio Mulitsch di Palmenberg a joué un rôle clé dans cette initiative : il a organisé la livraison de 500 000 doses de vaccin, un effort colossal pour l'époque. C'est à ce moment-là que le Rotary a prouvé qu'il pouvait faire plus que simplement donner : il pouvait écrire l'histoire. De cette vision est né PolioPlus en 1985, le tout premier programme visant à éradiquer une maladie à l'échelle mondiale.

OR : Aujourd'hui, PolioPlus fait partie de l'Initiative mondiale pour l'éradication de la poliomyélite, aux côtés de partenaires tels que l'OMS, l'UNICEF et la Fondation Gates. Depuis, plus de 2,5 milliards d'enfants ont été vaccinés. Beaucoup d'entre eux doivent leur santé, voire leur vie, au Rotary. Et ce qui est remarquable, c'est que notre engagement est reconnu dans le monde entier. La Fondation Gates nous soutient depuis des années avec des sommes considérables. Pour moi, cela montre que le Rotary est depuis longtemps une force mondiale lorsqu'il s'agit de prendre ses responsabilités.

Cory, qu'est-ce qui rend ce combat si particulier à tes yeux ?

CE : Pour moi, c'est cette dimension incroyable : PolioPlus est un véritable projet générationnel. Depuis près de quatre décennies, les Rotariens du monde entier travaillent à l'éradication de ce virus. Mais le travail a commencé des décennies auparavant, avec des professionnels de la santé et des scientifiques qui ont cherché sans relâche une solution à cette maladie, tout en étant témoins des souffrances de milliers de patients à travers le monde. Leur travail doit être mené à bien. Il faut de la persévérance, du dévouement et une coopération mondiale comme on en voit rarement. Je suis fier que nous n'ayons pas abandonné jusqu'à présent. Et les chiffres le prouvent : oui, cela fonctionne. Depuis le début de l'initiative, nous avons réduit de 99,9 % le nombre de cas de polio dans le monde. Mais justement, le dernier pour cent est le plus difficile.

Quel est le plus grand défi actuel ?

CE : C'est très clair : faire disparaître la polio de la conscience collective. Aujourd'hui, beaucoup de gens ne savent même plus ce qu'est la poliomyélite, car cette maladie a heureusement disparu chez nous. Elle ne fait plus la une des journaux, et beaucoup pensent que le problème est réglé. Mais ceux qui y prêtent attention constatent qu'il y a encore de nouveaux cas au Pakistan, en Afghanistan et dans certaines régions d'Afrique. L'année dernière, la polio a également refait son apparition à Gaza. Et chaque cas montre à quel point ce succès est fragile. Si la couverture vaccinale diminue quelque part, le risque augmente, même chez nous. La polio est impitoyable. Il suffit qu'un seul virus circule quelque part pour que nous nous retrouvions à la case départ.

Que peut faire concrètement le Rotary pour rendre ce sujet plus visible ?

IZ : Le Rotary doit montrer que la lutte contre la polio n'est pas encore terminée. C'est pourquoi nous organisons ce grand concert de bienfaisance au KKL de Lucerne à l'occasion de la Journée mondiale contre la polio. Nous voulons sensibiliser à nouveau le public à la polio, et quoi de mieux que la musique pour créer des liens ? Elle suscite des émotions, touche, émeut et nous offre exactement la scène dont nous avons besoin pour atteindre les gens et leur montrer que la lutte contre la polio n'est pas encore terminée. Chaque billet vendu est une contribution, chaque don aide. Notre objectif est clair : une salle comble, beaucoup d'oreilles attentives et autant de doses de vaccin que possible pour les enfants qui en ont urgemment besoin.

Revenons au concert. Qu'est-ce qui attend les spectateurs sur le plan musical, Oliver ?

OR : Les spectateurs peuvent s'attendre à un moment musical exceptionnel, à un programme qui promet de grandes émotions. Sous la direction de la chef d'orchestre française Chloé Dufresne, l'Orchestre philharmonique de Stuttgart interprétera plusieurs chefs-d'œuvre : La soirée débutera avec Une nuit sur le mont Peléen de Moussorgski, suivi du Concerto pour piano et orchestre n° 1 en si mineur op. 23 de Piotr Tchaïkovski. Tsotne Zedginidze, un jeune pianiste prodige géorgien déjà considéré comme un talent du siècle, accompagnera merveilleusement l'ensemble au piano.

Le point culminant sera la Symphonie « Du Nouveau Monde » de Dvořák, une œuvre qui transforme en musique la nostalgie, l'espoir et l'immensité de l'Amérique. Pendant que la symphonie de Dvořák résonne, le photographe et musicien Tobias Melle emmène le public dans un voyage visuel à travers l'Amérique : ses photos grand format sont créées en direct au rythme de la musique et permettent de découvrir le « Nouveau Monde » en images. Plus de 200 photos grand format, prises lors de ses voyages à travers l'Amérique du Nord, racontent visuellement l'histoire de ce « Nouveau Monde », en synchronisation avec la musique. Le tout dans l'acoustique et l'architecture fantastiques du KKL Luzern, l'une des plus belles salles de concert d'Europe. Une soirée qui sera inoubliable non seulement sur le plan musical, mais aussi sur le plan émotionnel, car derrière chaque note se cache une pensée : Aujourd'hui, nous luttons avec la musique pour un monde sans polio.

Cory, pourquoi est-il indispensable que les clubs et les membres agissent maintenant ?

CE : Parce que c'est précisément le moment de lancer un signal fort ensemble, surtout après les revers essuyés dans le soutien d'acteurs mondiaux importants tels que l'OMS et l'USAID. Ce concert n'est pas un événement comme les autres, c'est notre scène pour montrer que Nous soutenons PolioPlus, nous assumons nos responsabilités et nous n'abandonnons pas. Avant le concert, nous proposons un apéritif spécial au cours duquel nous accueillerons des décideurs d'organisations partenaires et de gouvernements locaux qui parleront de leur rôle dans la lutte contre la poliomyélite. Cela nous permettra non seulement de créer des rencontres, mais aussi de nouvelles possibilités de soutien, que ce soit par des dons ou l'achat de produits de solidarité attrayants, en plus de la contribution à PolioPlus provenant de la vente des billets. C'est l'occasion idéale de faire une sortie en famille ou entre amis avec le club et d'envoyer un signal fort de solidarité. Notre objectif est ambitieux : nous voulons financer plus d'un demi-million de doses de vaccin grâce aux recettes. Si nous nous mobilisons tous ensemble, nous y parviendrons.

Si vous aviez un souhait à formuler à la famille rotarienne, quel serait-il ?

IZ : Mon plus grand souhait est que nous prenions tous conscience que la polio nous concerne tous, aujourd'hui comme hier. Personne ne doit croire que le sujet est clos ou qu'il ne concerne que des pays lointains. La polio était parmi nous et elle peut revenir à tout moment si nous ne restons pas vigilants. Mais c'est aussi là que réside notre chance : nous avons le pouvoir de vaincre définitivement cette maladie. Et je suis convaincu que si le Rotary reste uni, nous y parviendrons.

CE : J'espère que le 26 octobre au KKL de Lucerne sera précisément le symbole de cette force et de cette solidarité rotariennes. Que nous soyons tous réunis dans cette salle ce jour-là pour dire : « Voici notre contribution, notre responsabilité et notre moment. » Et que dans quelques années, nous puissions regarder en arrière et dire avec fierté : « Ce concert a fait partie de l'histoire, sur la voie d'un monde sans polio. »

Billets et informations complémentaires : https://www.obrassoconcerts.ch/programm/sinfonie-in-bildern